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Comment apprendre à gérer ses émotions sans en passer par une addiction

Les addictions touchent de plus en plus de gens, face à ce phénomène de dépendance, il faut s’inquiéter et réagir. Comment ? D’abord en décryptant les raisons des addictions, puis en comprenant ses propres comportements addictifs pour mieux les soigner.
Les addictions permettent généralement à celui qui les pratique de faire le vide, de s’oublier, ou de s’évader dans un monde imaginaire.
On évacue ainsi son stress ( grande source de mal être de nos sociétés ). Faire un travail sur soi pour déterminer les causes possibles de son comportement addictif s’avère nécessaire pour que le sevrage soit durable, car nous ne sommes pas tous égaux face aux addictions.

Les personnes dépressives ou en souffrance sont plus fragiles et donc vulnérables face au besoin d’apaisement qui peut conduire à la dépendance. Mais la dépression n’est pas le seul facteur de risque : un profil hypersensible ou hyperactif peut également constituer un terrain favorable aux addictions.

Comment apprendre à gérer ses émotions sans en passer par une addiction.
Les émotions trop fortes, violentes, peuvent être à l'origine d'un processus d'addiction chez la personne qui y est sujette.
Apprenez à détecter les signaux qui disent "danger !", grâce à ce troisième volet de notre série consacrée à la gestion des émotions.
Par Sylvie Protassieff, atlantico.fr le 31/12/2014

Atlantico : Qu'est-ce qui fait qu'une personne deviendra "addict" ( drogue, cigarette, aliments, sport, etc.) et qu'une autre ne développera pas de tendance addictive ?
Sylvie Protassieff : Pour qu'une addiction se développe chez une personne, il faut la conjonction de trois facteurs : un produit, un milieu, une personnalité. Il faut entendre le terme "produit" au sens large, on y trouve bien sûr l'alcool, le tabac, tous les psychotropes, (ce qu'on appelle dans la langue courante les drogues et tous les produits utilisés comme tels, colles, etc.), mais aussi les médicaments. Le milieu agit comme un facteur d'entraînement et parfois même de justification pour l'usage du produit.
Pour un adolescent par exemple, s'il est physiquement fragile et s'il se trouve dans un milieu qui va le mettre en présence de telle ou telle substance, ces facteurs vont l'encourager à la consommation. Ils peuvent également devenir un code de reconnaissance entre plusieurs jeunes.
Un adulte seul, peut trouver une satisfaction en jouant au poker. De plus, se retrouver en groupe avec d'autres joueurs va entraîner une tendance à adopter des comportements. Utiliser des substances, adopter un comportement est généralement encouragé par le groupe. C'est ce que l'on constate aussi la plupart du temps à propos de la cigarette.

La personnalité présente en général des carences de l'axe narcissique.

Autrement dit, pour avoir un axe objectal, c'est-à-dire être capable de parler, d'échanger avec les autres, il faut déjà avoir une bonne assise intérieure personnelle. C'est ce qu'on appelle le narcissisme (dans le sens positif du terme). Les carences dans l'appréciation de soi se trouvent souvent dans le sentiment de ne pas avoir été aimé, de ne pas être l'enfant choisi par ses parents ou de ne pas être celui que ces derniers attendaient. C'est alors un vécu qui peut être le lit d'une addiction ultérieure, qui viendra palier un manque. Le problème de l'appréciation de soi est aussi fréquent chez beaucoup de personnes non "addicts".

Quelle différence peut-on établir entre l'addiction à une substance et l'addiction à un comportement ?
Qu'est ce qu'on appelle une addiction comportementale ?
Peut-on vraiment qualifier "d'addiction" un comportement dans lequel aucune substance n'intervient
?
Oui, par extension, on considère que les comportements compulsifs, qui peuvent mettre la santé, l'insertion sociale de la personne en danger, et qui peuvent nécessiter un sevrage, sont des addictions. On y trouve les jeux de hasard, les jeux vidéo, et pas mal de pratiques individuelles pas forcément répertoriées. Par ailleurs, on ne peut pas vraiment séparer addiction à un produit et addiction comportementale, puisque les fumeurs sont aussi addicts au geste et les utilisateurs d'héroïne à la piqûre.
J'ai oublié de mentionner dans les addictions comportementales les troubles des conduites alimentaires ( boulimie et anorexie ) qui sont d'ailleurs beaucoup plus présentes chez les femmes.

Dans le cas d'une addiction comportementale, le produit est remplacé par un comportement.
On retrouve exactement le même principe et les mêmes causes (excepté le produit) que dans le cas d'une addiction à une substance psychoactive. Certains comportements sont plus présents chez les femmes, comme la boulimie et l'anorexie. Les effets sont également identiques. Même au niveau de la santé, un addict aux jeux va présenter de graves troubles du sommeil. Même si l'addiction peut dans certain cas être moins délétère pour la santé, elle est très nocive pour la vie sociale car elle entraîne une désocialisation de soi.

Quelles émotions jouent un rôle particulier dans le développement d'une dépendance ?
Une faible estime de soi, une dépendance à autrui, une angoisse très violente nécessitant une réponse immédiate. Le produit ou le comportement addictif a en général l'avantage d'être disponible sans délai.

Pourquoi les hommes sont-ils plus susceptibles de développer une tendance addictive que les femmes ?
Peut-être qu'ils ressentent l'angoisse de castration plus violemment que les femmes…? Je m'explique. Les hommes et les femmes sont tous deux concernés par l'angle de castration. Selon les théories sexuelles infantiles, les enfants, à l'âge de 2 ou 3 ans, constatent que le garçon a un pénis et que la fille n'en a pas. Les garçons considèrent que, pour la petite fille, ça va finir par pousser. Mais comme ce n'est pas le cas, les garçons développent la peur qu'on leur enlève le pénis. Quant aux filles, elles se font une raison et n'ont donc plus rien à perdre.
Elles vont ensuite, dans leur croissance psychique, remplacer le pénis qu'elles n'ont pas par le désir d'enfants qui, psychiquement, joue le même rôle. Au final, si la fille a déjà perdu quelque chose, ce n'est pas le cas du garçon. C'est ainsi que j'expliquerais l'addiction, qui serait donc liée à la peur, à l'angoisse très violente comme je le disais précédemment. Cette peur est bien plus présente chez l'addict que chez les autres.

A quel moment un ensemble de comportements ou une habitude peuvent-ils être considérés comme une addiction pathologique ?
Lorsque la compulsion met en danger la santé, la vie ou l'insertion sociale de la personne. Dans les phénomènes addictifs il est aussi question du coût. Si le tabac et l'alcool restent abordables, de leur côté les produits illicites ont un certain prix et peuvent déclencher des phénomènes de criminalité (délits, vols, voire plus). On a alors le risque d'avoir affaire aux forces de l'ordre.
L'addiction provoque une désocialisation par le fait que la personne va se réfugier de plus en plus dans les drogues, au détriment de relations réelles. La drogue remplace l'autre, car l'autre, par le fait qu'il a une volonté propre, est décevant. Ce qui n'est pas le cas de la drogue. Dans le comportement addictif, ce qui nous manque est toujours disponible. Si on a un peu d'argent, on a toujours la possibilité de jouer. Pour s'arrêter, l'addict a besoin d'un sevrage. Contrairement à la personne qui est capable de s'arrêter du jour au lendemain. Mais si une personne privée de son produit ressent un manque, elle a besoin d'un sevrage pour s'en sortir. Le sevrage est rapide au niveau du produit mais très lent au niveau psychique.

Sylvie Protassieff est psychologue et psychanalyste, membre du bureau de l'Association France Lymphome Espoir et membre de la SFDPS (Société Francophone de Dermatologie Psychosomatique).

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