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Mon enfant se fait harceler, que faire ?

Le harcèlement scolaire n'a malheureusement pas disparu lors du premier confinement au printemps. Les adolescents, contraints de rester à domicile, ont passé davantage de temps sur les réseaux sociaux, faisant augmenter le cyber-harcèlement.
Cela a été confirmé par une forte hausse des cas reportés sur la plateforme de  l'association e-Enfance pendant le confinement, hausse confirmée avec les cas reportés en septembre. L'annonce a été faite alors que s’est tenue le jeudi 5 novembre la première journée internationale de lutte contre le harcèlement scolaire.


" Pendant le confinement, la plateforme d'écoute de notre association a enregistré une augmentation de 30% de ses sollicitations générant deux fois plus de signalements de cyberharcèlement aux plateformes", explique à l'AFP Justine Atlan, directrice générale de l'association e-Enfance. "

Face au harcèlement les parents peuvent se sentir démunis, dois-je envoyer mon enfant qui se trouve harcelé chez un psychologue ?
La première personne qui peut répondre à cette question, c'est l'enfant. On a souvent ce réflexe d'envoyer une victime chez le psychologue après un traumatisme, mais il faut trouver le bon moment. Quand on est victime de sévices, il n'est pas forcément utile de consulter immédiatement après, parfois un temps est nécessaire. Il faut demander à l'enfant ou à l’adolescent s'il souhaite être aidé par quelqu'un qui n'est pas son parent. Si la réponse est non : il ne faut pas insister. Certains n'en ont pas besoin, d'autres en auront besoin plus tard.

Mon enfant se fait harceler, comment l'aider ?
Par Juliette Loiseau. publié le 09/09/2019 à 08:00 , mis à jour le 07/11/2019 à 11:45.

À l'occasion de la journée nationale contre le harcèlement scolaire, L'Express s'intéresse aux comportements que les parents peuvent adopter face à une telle situation.

Moqueries, insultes, coups...

Un enfant sur deux et un adolescent sur 4 sont victimes de harcèlement scolaire dans les établissements français. Difficile à percevoir pour les adultes, ces situations provoquent de grandes souffrances chez les victimes. Encore peu pris en charge par l'éducation nationale, les parents ont un rôle à jouer et peuvent aider leur enfant lorsqu'il en est victime.
“ Il nous a fallu 8 mois pour comprendre que notre fille était harcelée ” raconte Catherine, 53 ans, maman de Kiara. L'adolescente de 14 ans a été victime de harcèlement scolaire lors de son année de 6e.
Toutes deux ont fondé l'association Marcel Ment pour aider les victimes. “ La première fois qu'elle nous a parlé de ce qui se passait, nous n'avons pas vraiment réagi. On lui a dit que ça allait passer, qu'elle ne devait pas écouter les insultes. Je n'ai pas su réagir aux alertes ”. Moqueries, croche-pied, bousculades sont le quotidien de l'adolescente, et se poursuivent sur les réseaux sociaux.
Attention justement à ne pas culpabiliser lorsque l'on découvre la situation que vit son enfant, alerte Florence Millot, psychologue pour enfant, auteur du livre "Je ne me laisse pas faire dans la cour de récré" aux editions Horay.

"Les signes du harcèlement sont difficiles à percevoir. L'enfant a peur des conséquences, pour lui, pour sa famille. Il sait très bien cacher la situation pour ne pas inquiéter ses parents".

  

Accueillir la parole de son enfant

Souvent, pour que l'enfant parle, il faut un déclic, un mot ou une situation qui capte l'attention des parents.
Dans le cas de Kiara, ce fut la veille d'une sortie scolaire, lorsqu'elle dit avoir peur de s'y rendre. Pour Alice, 7 ans, harcelée en maternelle, c'est un soir où le cadeau demandé par son harceleuse ne peut pas être obtenu.
"Elle m'avait déjà parlé des cadeaux qu'elle voulait offrir à cette petite fille, mais je n'avais pas réagi" raconte sa maman, Marjolaine, 38 ans. "Ce soir-là, elle m'a dit qu'elle voulait offrir le grand Playmobil. Je lui ai dit que ce n'était pas possible. Alice n'a pas insisté, mais elle m'en a reparlé au moment du coucher, s'inquiétant de comment ça se passerait si elle n'avait pas le cadeau. Je la sentais hyper angoissée. Je lui ai demandé si elle aussi elle avait des cadeaux. Elle m'a dit oui, mais que si elle ne jouait pas avec, sa "copine"s'en prenait à elle et la menaçait d'aller voir la maîtresse".
La découverte provoque souvent un choc.
" Il est préférable de prendre un petit temps avant d'en parler pour ne pas sur-réagir " conseille Florence Millot. En tant que parent, on aura envie d'aller voir l'autre enfant, ses parents, la direction de l'école. Mais l'enfant a peur de ces réactions, que ça empire la situation. Il faut discuter calmement, l'encourager à parler de tout, même si c'est grave, et rassurer qu'on puisse entendre ".
Avec ses parents, Kiara fait alors la liste des violences subies.
" C'était vraiment très dur " confie sa maman. " Ça nous a pris toute la nuit pour faire sortir tout ce qu'elle avait vécu. On était démoli ".

Aussi difficile soit-il, lister les insultes et agressions permet de rappeler que l'enfant n'est pas responsable de la situation. " C'est le moment de bien expliquer le processus de manipulation et d'emprise du harcèlement " précise l a psychologue. " L'enfant harcelé finit toujours par intégrer ce qu'il subit. Il faut reprendre toutes les insultes et les remettre en question : est-ce que c'est vraiment ce que tu penses de toi ? "
" Cette phase aide à devenir actif face à du harcèlement. Le détail des violences subies peut aussi s'avérer utile dans les démarches engagées par la suite."
Lancer les démarches



Avant de prendre un rendez-vous avec un enseignant, la direction ou de déposer plainte, Florence Millot conseille de bien associer son enfant.
Demandez-lui ce qu'il veut faire, même s'il n'a pas de réponse. Il faut aussi le prévenir qu'on ne sait pas comment ça va se passer, pour ne pas lui faire de faux espoirs, mais lui assurer que vous allez tout essayer ". 


Avertir l'établissement pour que la situation soit prise en charge est la première étape. La réaction ne sera pas forcément à la hauteur. Le directeur du collège de Kiara a minimisé le vécu de l'adolescente, évoquant des gamineries, malgré la liste des violences.
Elle a alors décidé de de porter plainte. Marjolaine estime elle avoir eu de la chance. "J'avais déjà fait remarquer à sa maîtresse habituelle que cette copine était très entreprenante et qu'il fallait faire attention. Mais pour elle, il n'y avait pas de problème. Le jour où j'en ai parlé, heureusement, c'était une remplaçante. Elle très bien réagi et a organisé dès le lendemain une matinée sur le harcèlement scolaire ".

Changer d'établissement peut aussi être une solution. " Il faut se laisser cette possibilité, même en cours d'année ", prévient la psychologue. " Si l'établissement ne réagit pas face à la situation, y rester peut s'avérer très compliqué ". Kiara est séparée de sa harceleuse l'année suivante..

Aider son enfant à reconstruire son estime de soi.

Les victimes ont besoin de temps pour se remettre du harcèlement.
" Il faut donner des outils à son enfant pour régler ses angoisses" insiste Catherine. " Il existe des exercices de respiration pour que votre enfant apprenne à gérer ses crises de panique. On peut aussi lui confier une plante, pour qu'il se sente utile et reprenne confiance en prenant soin d'elle ".

Sortir du harcèlement passe également par la reconstruction de son estime de soi.
" Il faut proposer à l'enfant de développer une passion " recommande Florence Millot. " Que ce soit de la photo, du sport, des vidéos YouTube. Il a besoin de reconstruire son image, de se valoriser, et de se couper de l'école. Tant pis si les notes chutent une année parce que l'enfant est concentré sur autre chose".

Dans ce processus, qui s'avère parfois long, il ne faut pas hésiter à s'appuyer sur des associations qui accompagnent les victimes, comme :
Marcel ment, Marion la main tendue, l'association Hugo,
ou encore à appeler le 3020, numéro national "Non au harcèlement" pour se faire aider.

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