Your browser is out of date!

This website uses the latest web technologies so it requires an up-to-date, fast browser!
Try Firefox or Chrome!
Éric, 30 ans: "Voir un psy m'a libéré de certains clichés sur la masculinité".

L es hommes doivent être forts, protéger, un homme ne pleure pas, ne demande pas d’aide, ne doit pas craquer ni exprimer ses émotions.
Pour autant souffrent-t-ils moins que les femmes ? Hélas, les statistiques sont là : les hommes se suicident deux fois plus que les femmes. Pourquoi ?
Ces stéréotypes de genre sont responsables d’une masculinité toxique qui enferme les hommes dans des représentations qui les empêchent de consulter.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : ils représentent moins d’un tiers des consultants en psychothérapies. Les femmes sont plus enclines à reconnaitre leur souffrance et leur besoin d’en parler à un professionnel, cela ne veut pas dire qu’elles ont plus de problèmes. C’est juste qu’il leur est « traditionnellement » plus facile d’accepter de se faire aider et d’exprimer leurs émotions.
OR un homme au même titre qu’une femme est avant tout un être humain. Avec ses qualités, ses défauts, sa vision du monde, son vécu.

Aller voir un psy c’est avant tout se donner un moyen concret d’aller mieux. C’est s’autoriser enfin à prendre soin de soi. Dans un cadre bienveillant ou patient et praticien vont travailler ensemble pour comprendre la situation et trouver des solutions ou changer de point de vue.

Eric 30 ans: "Voir un psy m'a libéré de certains clichés sur la masculinité"
Par Leslie Rezzoug. Publié le 04/06/2017, mis à jour le 08/06/2017 dans l’Express Styles Vie Perso Psycho

Accepter d'aller voir un psy a été salvateur pour Eric.

À 30 ans, Éric n'avait jamais pensé à faire la démarche d'aller voir un psy, jusqu'à ce qu'un début de dépression lui fasse tout remettre en question. Il nous raconte son cheminement et comment la thérapie l'a aidé à aller mieux.

J'ai toujours été quelqu'un d'assez sûr de moi et populaire. Je n'ai jamais eu aucun problème à parler en public ou à me faire des amis. Au lycée, j'étais celui qui, au fond de la classe, fait rire les autres et que les professeurs apprécient quand même. Après le bac, je suis entré en prépa puis en école de commerce. J'y ai vécu pleinement ma vingtaine: j'étais de toutes les fêtes, j'avais du succès avec les filles. À cette époque, si on m'avait dit qu'une psychothérapie allait changer ma vie, je ne l'aurais jamais cru.

Je testais mes limites

" Les problèmes ont commencé quand je suis monté à Paris pour travailler dans un cabinet de conseil. Même si nombre de mes amis avaient aussi rejoint la capitale, ils étaient moins disponibles. Nous nous retrouvions pour le traditionnel apéro du vendredi soir. Nous passions la soirée à boire et la journée du lendemain à cuver.
Une manière comme une autre de relâcher la pression.
Le reste de la semaine, je passais souvent mes soirées dans mon studio à regarder des séries. Avec l'arrivée de l'hiver, je me sentais de plus en plus seul et stressé. Les objectifs que l'on m'imposait au travail étaient toujours plus difficiles à atteindre. Je ne parvenais pas à faire de véritables rencontres sentimentales. Je devenais cynique avec les filles que je rencontrais à la chaîne sur Tinder. Les seuls moments où je me sentais bien, c'était quand je faisais la fête: je buvais trop, il m'arrivait de prendre de la drogue, je testais mes limites, comme pour me sentir vivant et me persuader que je n'étais pas devenu une personne conformiste, coincée dans une routine 'métro-boulot-dodo'."

Un sentiment de confusion grandissait

" Un énième samedi matin gris -enfin plutôt après-midi- à ne pas vouloir ouvrir les yeux par peur d'affronter une journée qui n'avait rien à m'offrir, j'ai fini par prendre conscience qu'il y avait un sérieux problème.
J'ai décidé de rentrer chez mes parents, au bord de la mer, le week-end suivant. Cela ne m'était pas arrivé depuis des mois. Ma mère était surprise mais ravie quand je lui ai annoncé ma venue. J'ai passé le reste de la semaine en apnée au travail. Ma routine était la même mais je sentais que quelque chose avait bougé au fond de moi.
Un sentiment de confusion, de tristesse grandissait, devenait béant. La profondeur de cet abîme me faisait peur mais je me disais qu'en prendre conscience était un début.
Quand je suis arrivé chez mes parents, j'ai enfin eu l'impression de souffler. Je suis tombé dans les bras de ma mère et je me suis mis à pleurer. Puis, je suis monté me coucher. J'ai passé les deux jours suivants à dormir. Mes parents ne m'ont pas vraiment posé de questions, respectant mon silence."

Va voir un psy

Ce n'est que le dimanche soir, peu avant mon départ, que mon père m'a pris à part. Chose rare, il voulait me parler "d'homme à homme". Qu'est-ce qui se passe ? Tu as l'air au bout du rouleau, m'a-t-il dit. Je sais qu'il peut être difficile de se confier, d'autant plus en tant qu'homme. On se dit qu'il faut être fort en toutes circonstances mais il est aussi important de pouvoir extérioriser. Cela ne fait pas de toi un "faible". Si tu as du mal à nous parler, va voir un psy, même une seule fois. Moi cela m'a fait beaucoup de bien.
Je suis tombé des nues. Je ne savais pas que mon père avait vu un psy.
De retour au travail, mes angoisses sont instantanément revenues. Ce n'était plus possible. J'ai pris rendez-vous chez mon médecin traitant pour qu'il me recommande un bon psy. Il n'a pas eu l'air surpris de ma demande. Trois jours plus tard, j'ai pris mon courage à deux mains: j'ai appelé et pris rendez-vous pour la semaine suivante.

Ala semaine prochaine ?

" Le jour dit, devant la porte du cabinet, le stress a commencé à monter. Le thérapeute était un homme d'une cinquantaine d'années, au physique assez quelconque mais à l'air bienveillant. Contrairement au cliché que j'avais en tête, je ne me suis pas allongé mais simplement assis dans un fauteuil. Je m'attendais à ce que le psy reste silencieux. Au contraire, il m'a posé des questions, sûrement pour me mettre à l'aise . Très vite, je me suis mis à parler. J'étais intarissable. Je parlais de mon travail aussi prenant que décevant, de mon incapacité à m'attacher, mon penchant inquiétant pour l'alcool et la drogue.
Il m'a écouté calmement, sans me juger. Peu à peu, j'ai dévidé l'écheveau de mes pensées sans me demander ce qu'il pouvait penser de moi et de mon discours confus.
À la fin de la séance, quand il m'a demandé: "À la semaine prochaine?", j'ai répondu spontanément "oui" sans me poser de question.

Je surjouais la virilité

J'ai continué à aller chez le psy toutes les semaines pendant six mois. J'ai beaucoup rêvé durant cette période. J'étais plus fatigué, je déclinais des soirées. Pour autant, je n'ai pas vécu une épiphanie non plus. Certaines séances me plongeaient dans le désarroi, d'autres dans une tristesse sans fond, d'autres m'énervaient tellement que j'avais l'impression qu'il n'en sortait rien de productif. Pourtant, au fil des séances, j'ai réalisé qu'au quotidien je ne me demandais jamais si j'allais bien. Aux autres, je ne parlais que de choses superficielles, je ne savais pas exprimer mes sentiments.
Voir un psy m'a libéré de certains clichés sur la masculinité. Je trouve que nous sommes nombreux à nous enfermer dans des schémas rigides par conformisme social, pour donner l'image de celui à qui tout réussit. J'ai réalisé par exemple que j'avais fait ces études pour faire plaisir à mes parents. En amour, malgré mes airs de Don Juan un peu cynique, j'étais toujours un petit garçon, incapable d'assumer ses envies et ses choix.
Au fond, je surjouais la virilité, je faisais ce que l'on attendait de moi pour me cacher aux yeux des autres, parce que j'avais peur de paraître vulnérable. Aujourd'hui, je commence à assumer davantage ce que je suis et j'ai amorcé un virage à 180 degrés: je viens tout juste de démissionner."

Mindfulness | Pleine Conscience Paris | Thérapie pleine conscience | Informations & Contact