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Actualités des thérapies et des thérapeutes
Les troubles de comportements alimentaires

Dès la naissance et durant toute notre vie, notre rapport à la nourriture et l’alimentation sera souvent le reflet de notre vécu, de notre équilibre ou au contraire de notre difficulté à nous sentir en harmonie avec nous-mêmes et avec le monde qui nous entoure. En témoignent les appétits impérieux de l’anxieux, la perte ou gain d’appétit du déprimé ou encore le régime alimentaire passager des adolescentes qui traversent un moment de doute.

Dans certains cas, cette relation inhabituelle, voir conflictuelle avec la nourriture s’installe durablement. Il s’agit alors de troubles de comportements alimentaires.
Les causes des troubles de comportements alimentaires sont dominées par les comportements de restriction, le souci de minceur, la difficulté à faire face aux difficultés conflictuelles, les difficultés psychologiques.

Ces troubles induisent des altérations de l’état nutritionnel parfois sévères : dénutrition dans l’anorexie mentale, hypokaliémie et carences dans la boulimie, surpoids, obésité et complications en cas de compulsions alimentaires. Leur traitement implique une prise en charge à la fois nutritionnelle et psychologique.

Troubles alimentaires : quand faut-il s'inquiéter ? La réponse des Dr Godart et Huas.
Par Jean-Luc Nothias, lefigaro.fr le 03/10/2011/

Nathalie Godart est pédopsychiatre, responsable de l'unité d'hospitalisation pour adolescents et jeunes adultes de l'Institut mutualiste Montsouris, à Paris, unité Inserm 669. Caroline Huas est chargée de recherche au département universitaire de médecine générale de Tours.

Notre comportement alimentaire est avant tout conditionné par nos besoins physiologiques. Il est aussi le premier support de nos échanges relationnels avec autrui. De l'enfance à l'âge adulte, au quotidien, nos comportements alimentaires sont affectés de manière variable par nos états émotionnels et relationnels. Le fait d'être stressé, triste, joyeux, anxieux, en colère ou encore amoureux augmente l'appétit des uns et réduit celui des autres.

Cependant, on ne parle de trouble du comportement alimentaire que quand le retentissement des perturbations induites menace la santé du sujet sur le plan somatique et/ou psychique.

Éliminer une cause organique

Quel que soit l'âge ou le sexe du sujet, l'apparition d'un trouble du comportement alimentaire doit toujours être considérée comme l'expression d'un problème somatique, ou d'une perturbation émotionnelle et/ou relationnelle. Ce signal peut être soit sans gravité car temporaire et contemporain d'un événement de vie particulier, soit le signe avant-coureur d'une affection somatique ou psychiatrique.

Si vous vous inquiétez à propos du comportement alimentaire de l'un de vos proches, la première chose à faire est de lui en parler simplement pour essayer de comprendre ce qui se passe. Votre regard lui fera peut-être prendre conscience d'un processus qu'il n'avait pas perçu et témoignera de votre attention à son égard. Si besoin, un avis ou une consultation auprès d'un médecin peuvent s'envisager.
À tout âge, le premier souci du médecin sera d'éliminer une cause organique. Sur le plan psychologique, les causes les plus fréquentes des troubles du comportement alimentaire sont variables en fonction de l'âge. Chez les enfants, ils sont souvent l'expression de problèmes relationnels. Chez les adolescentes, la première cause d'amaigrissement est l'anorexie mentale. Le pic d'apparition de la boulimie se situe en fin d'adolescence et au début de l'âge adulte.

Un symptôme de dépression

Chez les adultes, il faut avant tout penser à des manifestations anxieuses et/ou dépressives. Enfin, au troisième âge, des manifestations dépressives sont aussi à évoquer malgré une augmentation des perturbations du goût, de l'odorat et de l'appétit.
Chez la personne âgée, les troubles du comportement alimentaire sont souvent dus à des perturbations de l'appétit, et du goût et de l'odorat. Mais ils peuvent aussi s'inscrire dans un syndrome dépressif.
Chez des personnes à poids normal, des préoccupations envahissantes autour de l'idée d'être trop gros ou de la peur de grossir associées à des conduites de régimes restrictifs inadaptés et répétés doivent interpeller l'entourage.

L'anorexie sera évoquée face à une restriction alimentaire qualitative et/ou quantitative qui dure, volontaire ou non, associée à une perte de poids (progressive ou rapide). Chez l'enfant, elle sera évoquée devant un arrêt de prise de poids ou de croissance. Ces personnes ne reconnaissent généralement pas souffrir d'un trouble du comportement alimentaire. Ce déni est une difficulté importante à la mise en œuvre des soins. La mobilisation de l'entourage est cruciale pour une prise en charge précoce qui améliore le pronostic.

La boulimie se manifeste principalement sous forme de crises, associées ou non à des stratégies pour éviter de prendre du poids (vomissements, prise de laxatifs ou de diurétiques, activité physique intensive). Elles sont souvent tardivement repérées par l'entourage. En effet, la personne se sent honteuse ou coupable, les cache, n'en parle pas. Un faisceau de signes peut alerter : disparition répétée de grandes quantités d'aliments, vomissements, irritations du dos des mains et/ou de la commissure des lèvres… Les crises de boulimie existent chez des individus de poids normal (on parle alors de boulimie nerveuse) ou présentant un surpoids (hyperphagie boulimique ou binge eating disorder), et dans l'anorexie mentale (dite alors anorexie-boulimie).
Dans ces situations, il est légitime de s'inquiéter sans dramatiser et en le verbalisant avec tact. La crainte de renforcer un comportement passager, voire de le stigmatiser, est à ce stade infondée. Il faut consulter rapidement en cas d'amaigrissement très important et/ou très rapide, de vomissements très fréquents, de malaises ou de verbalisation d'idées suicidaires.

Notre équipe développe des recherches cliniques sur les troubles des conduites alimentaires, ayant d'une part pour objectif de les caractériser dans la population générale, afin ultérieurement de développer des actions de dépistage précoce et de prévention (études Escapad, Central-MG en médecine générale), et d'autre part des programmes d'évaluation thérapeutiques (apport de la thérapie familiale, étude Therafam), apport de l'hospitalisation (étude Evalhospitam) et des études sur le devenir dans les situations les plus sévères (Cohorte CMME et étude Devenir).

Pour plus d'informations: www.u669.idf.inserm.fr
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