VSCD : Vécu Subjectif de Contact avec un Défunt
Il n’est pas rare durant le deuil de ressentir une présence ou de percevoir des signes qui paraissent
être bien plus qu’une simple coïncidence. Par crainte de ne pas être compris, les personnes endeuillées n’osent pas toujours parler
de ces phénomènes sensoriels avec l’entourage. Or, le silence provoqué par ces non-dits peut accentuer des frustrations que
quelques mots seulement suffiraient à estomper.
Car ces ressentis de manifestation de perdurance de la présence des défunts est un sentiment partagé par de nombreux endeuillés.
Ils sont plus courants durant les premiers temps, lorsque le manque physique de la présence se fait plus que jamais ressentir
et que l’on n’a pas encore totalement intégré la réalité de la perte. Particulièrement au cours des premiers mois,
mais rarement au delà de la première année, même s'ils peuvent aussi se produire plus tard au cours du deuil.
Face à un VSCD, le thérapeute n’a pas à trancher en fonction de son point de vue personnel sur le sujet,
ce qui prime avant tout : c’est l’expérience subjective de la personne endeuillée et sa croyance, pas celle du thérapeute.
Quand l’extraordinaire s’immisce dans le processus de deuil.
Article de 2011 sur le site psy en mouvement .
Depuis plusieurs années,
le psychiatre Christophe FAURÉ se consacre à l’accompagnement
des personnes en fin de vie et des personnes en deuil. Il a découvert
que des expériences inattendues, comme celles de contact avec des proches
décédés, pouvaient s'immiscer dans notre processus de deuil.
Comment
décrypter ces expériences extraordinaires associées au deuil ?
Voilà 17 ans que je me consacre, en tant que psychiatre, à l’accompagnement
des personnes en fin de vie et des personnes en deuil – notamment après
un décès traumatique comme le suicide (1). Au fil des années, je constate
que des expériences « étranges » émaillent parfois le récit de certaines
personnes en deuil, sans que je puisse en comprendre le sens.
Alors qu’elles prennent d’infinies précautions pour m’affirmer combien elles s’estiment rationnelles et cartésiennes,
des personnes en fin de vie ou en deuil n’en rapportent pas moins des expériences qui échappent à leur compréhension :
elles déclarent avoir eu un « contact » avec une personne proche récemment décédée.
a plupart font part d’une expérience de « présence indéniable » de la personne disparue les « enveloppant »
d’un amour ou d’une sérénité en rupture complète avec la douleur de la perte dans laquelle elles étaient plongées
à ce moment là. Plus rarement, un certain nombre de personnes parlent d’un contact visuel (voir devant eux la personne disparue),
d’un contact tactile (sentir un contact physique immédiatement attribué à la personne disparue) et/ou d’un contact auditif
(entendre distinctement la voix de cette personne). L’expérience laisse une empreinte sereine et durable chez la personne qui la vit.
Il est important
de souligner que ces récits sont peu fréquents. Peut être parce que ces
expériences ne surviennent que rarement ou encore parce que les personnes
sont réticentes à en faire part... Mais ils comportent des caractéristiques
relativement constantes que des études plus poussées devraient préciser.
Par exemple : ces expériences sont toujours spontanées (ce qui exclue
les « contacts » via un médium ou toute autre forme de recherche volontaire
de communication avec un défunt) ; elles surviennent le plus souvent dans
les premiers jours ou les premières semaines après le décès et toujours
de façon inopinée, au cours de la journée, dans des circonstances où il
n’y a pas de modification de la conscience ; elles sont d’autre part très
brèves (de l’ordre de quelques secondes à quelques minutes), très souvent
uniques (ou se reproduisant seulement deux à trois fois) et n’entraînent
que très rarement le désir de les reproduire, en consultant un médium
par exemple. L’expérience, aussi ponctuelle et furtive
soit-elle, semble se suffire à elle même. Enfin, l’expérience a
souvent (mais pas toujours) un impact positif sur le vécu du deuil.
Je sais depuis
peu que ces expériences portent un nom : VSCD –
Vécu Subjectif de Contact avec un Défunt. Cette dénomination est
appropriée car elle souligne la dimension subjective de l’expérience,
sans affirmer, ni infirmer qu’il s’agisse d’un contact effectif avec un
défunt.
Les hypothèses pour expliquer ces expériences sont multiples et
toutes sont valides, jusqu’à preuve du contraire.
En tant que médecin et psychiatre, mon intérêt pour l’INREES réside dans l’exigence d’une approche scientifique dans
le décryptage des expériences extraordinaires. Ainsi, dans l’étude des VSCD, il serait intéressant de reproduire
la démarche du Dr Moody qui, à la fin des années 80, s’est intéressé aux NDE (Near Death Experiences ou Expériences de Mort Imminente (2)),
en partant des récits récurrents de personnes ayant vécu une NDE. Les millions de témoignages recueillis à ce jour attestent désormais
de la réalité de cette expérience, sans pour autant apporter de réponses définitives sur ses causes.
(1) : « Vivre le deuil au jour le jour » et « Après le suicide d’un proche » Christophe Fauré (Editions Albin Michel)
(2) : « La Vie après la Vie » Dr Moody
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