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Le futur vous déprime ? Cynisme, éco-anxiété et « dépression verte »

Je tiens à vous faire partager ce texte, car il a fait résonnance chez moi. Je le trouve plein de bons conseils et il part d’un constat que j’ai fait moi même.
Depuis un peu plus d’un an, une nouvelle source d’anxiété voire d’angoisse est en émergence. Je commence à rencontrer de plus en plus de patients qui sont très préoccupés par les dangers du réchauffement climatique et l’avenir de notre planète au point de ressentir une réelle souffrance psychique.
En octobre 2018, un sondage indiquait que 85 % des français étaient inquiets du réchauffement climatique et ce taux grimpait à 93 % chez les 18-24 ans.
Chez mes jeunes patients, cette thématique ne fait qu’accroitre leur stress face à l’avenir : plus ils s’informent et plus ils sont angoissés. Phobies, obsessions, comportements d’évitement et culpabilité complètent un ressenti déjà très lourd.
Pour autant l’éco-anxiété n’est pas une maladie reconnue officiellement et les patients ne consultent pas directement pour cela. Ce n’est pas une maladie mentale mais davantage une sensibilité à ce qui se passe dans notre monde, par le constat des dégradations faites à la planète. Alors que faire face à l’éco-anxiété ?

L’ éco-anxiété, c’est quoi ?
Par SOPHILOSOPHY BARBARELLA. Publié le 21 MARS 2019 sur le site web « demain un nouveau monde »
Personne, il y a encore vingt ans, ne pensait voir autant de personnes débarquer dans les cabinets des psychologues avec cette nouvelle « maladie de l’âme ». Personne n’avait imaginé lier le préfixe « éco », synonyme pour beaucoup de nature et de verdure, à l’anxiété. Eco-anxiété, ou anxiété climatique : voilà comment on désigne cette nouvelle affection psychologique. Et elle risque non seulement de s’installer partout et durablement, mais aussi de dégénérer.

" Qui craint de souffrir, souffre déjà de ce qu’il craint "
Montaigne

L’éco-anxiété recouvre les différentes manifestations d’une détresse psychique ou existentielle causée par les changements environnementaux et l’effondrement probable de nos sociétés (occidentales).
C’est aussi la peur, l’angoisse d’un futur difficile, et la tristesse en voyant son environnement proche (nature, animaux, climat, nourriture…) se dégrader de manière définitive. Il y a aussi la nostalgie de ce monde qu’on aime et qui va disparaître, la dépression face à son impuissance.
On entend aussi le terme « anxiété climatique », mais il est plus réducteur car il recouvre surtout la peur des désastres écologiques, et éloigne les peurs liées aux guerres, aux effondrements politiques et sociaux, à la disparition de la flore et de la faune..
On parle encore de solastalgie, un néologisme inventé en 2003 par le philosophe australien Glenn Albrecht. Et on en parle depuis seulement dix ans, mais dix ans déjà.
Car le phénomène n’est pas neuf. Il émerge à la surface des sociétés et des médias, parce que ceux et celles qui en souffrent ne peuvent plus se taire, et deviennent vraiment nombreux(ses).

La crise climatique est partout

Parce que la prise de conscience de la réalité de notre situation climatique et écologique devient massive. Et parce que c’est une peur qui dépasse toutes les autres, et qui se terre dans notre imaginaire collectif depuis la nuit des temps, derrière les notions religieuses ou athées d’apocalypse et de fin du monde.
L’éco-anxiété devient une réalité parce qu’elle est liée aux annonces terrifiantes des scientifiques ces dernières années, et à la connaissance de plus en plus répandue (et l’acceptation) de la réalité de l’effondrement des sociétés modernes à venir.
Beaucoup d’habitants des sociétés occidentales avouent éprouver de plus en plus ces sentiments négatifs, à cause de leur prise de conscience récente et globale de l’état de la planète. Aux USA, ce problème devient massif, car l’éco-anxiété vient s’ajouter aux traumatismes des attentats terroristes de 2001, et de la crise financière de 2008.
Une première étude a été menée en 2018 parHarris Poll et montre que 92% des Américains se disent préoccupés par le futur de la planète. Mais surtout, 72% des « Millennials », les personnes âgées de 18 à 34 ans, déclarent souffrir de symptômes caractéristiques de l’éco-anxiété. « Près des trois quarts des Millennials affirment que regarder, entendre ou lire des actualités négatives au sujet de l’environnement de temps en temps a un impact sur leur bien-être émotionnel (par exemple, l’anxiété, des pensées récurrentes, des problèmes de sommeil ou un sentiment de mal-être) « , peut-on lire dans l’étude publiéee dans "sciencesetavenir.fr" .
Il n’existe pas de chiffres en France sur l’ampleur du phénomène, qui doit en plus prendre différents visages selon l’endroit où on se situe – dans le monde. Mais les dernières manifestations dans différents pays industrialisés, les pétitions en ligne, le nombre de vues des vidéos Youtube sur la crise climatique… montrent qu’on parle très certainement de dizaines de millions de personnes atteintes. Quand on ne compte pas celles et ceux qui n’ont pas la parole…
Comment en effet continuer à ne plus voir la réalité des drames qui se jouent sur la planète, alors que les études convergent toutes dans le même sens ? Comment continuer à être dans le déni, quand on voit le prix de l’essence à la pompe décoller, quand on subit des phénomènes de pollution durables dans sa ville, quand on voit disparaître les oiseaux dans nos jardins et les insectes sur nos pare-brises ?
Les drames qui touchent la planète, la faune et la flore, le climat, les populations animales et humaines sont dans tous les médias, papier et en ligne. Dans les documentaires qui sortent les uns après les autres, dans les émissions d’enquête diffusées aux heures de grande écoute, et dans les journaux des chaînes télévisées nationales et internationales. Difficile aujourd’hui de nier l’existence du problème, même si on essaye d’échapper à ces informations anxiogènes qui sont aussi pour beaucoup, difficiles à croire.

Angoisses et idées noires

Un état de tristesse accentué par la sensation d’impuissance (« Quoique je fasse, ça ne changera rien ») et de perte de sécurité (« Je vais mourir »). Des sentiments qui s’ajoutent pour certains à une fatigue existante. Un état de stress réactionnel aux pressions trop importantes qui peuvent déjà s’exercer dans leur vie au quotidien. Ou à la solitude… entre autres maux du monde moderne.
On a tous et toutes déjà vu des films de science-fiction, et les scénarios d’effondrement comme dans le film La Route. On sait également que les destructions sont déjà là. Ours polaires mourant de faim, poissons, chauve-souris et chevaux morts de chaud en Australie, ou les Grands Lacs du Nord de l’Amérique gelés à cause d’un vortex polaire, ces photos ont stupéfiés le monde ces deux derniers mois.

Dépression

« La vie est dure, et ça va encore empirer » : pas de quoi donner envie de se lever le matin. Ni de se battre, encore moins.
Face à la destruction du monde, on ne peut pas faire grand-chose (croit-on). Comme la dépression est souvent liée à l’incapacité d’agir, il est donc facile de tomber dans cet état de néant.
Surtout si l’on a déjà peu de choses et de conditions de vie qui nous poussent à agir, à nous mobiliser. On peut déjà souffrir de dépression à cause de conditions de vie et de travail existantes.
On peut aussi se sentir dépassé(e)s par l’ampleur du problème. La dépression fait aussi partie d’un processus normal de deuil, et dans le cas de la « fin du monde » (tel qu’on le connaît), c’est un sacré deuil à vivre.

Cynisme et renoncement

Tout le monde réagit différemment face au stress et aux mauvaises nouvelles. Certains parlent d’ailleurs d’une " lassitude de l’apocalypse " , d’un abandon de l’espoir face au changement climatique notamment. Car on est si petit face à la nature…
Mais c’est ce qui aboutit, comme l’explique le psychologue norvégien Per Espen Stoknes dans une conférence TED, à un accroissement du sentiment d’impuissance, et donc à l’abandon de la lutte contre ce qui cause, justement, ce réchauffement On est pour certains dans le déni, pour d’autres dans le renoncement à lutter. D’autres encore se mettent ou se remettent à croire en une religion, d’autres en la science, « qui nous sauvera de la fin du monde ». D’autres comptent sur une expatriation sur Mars, d’autres encore deviennent transhumanistes.

Paralysie

Certains se disent qu’il vaut mieux attendre tranquillement que ça se tasse, que les gouvernements / la science trouvent des solutions.
D’autres sont déjà des apprentis hikikimori, du nom créé pour désigner ces Japonais qui vivent coupés du monde et des autres, cloîtrés le plus souvent dans leurs chambres pendant plusieurs mois, voire plusieurs années, et ne sortant que pour satisfaire aux impératifs des besoins les plus essentiels.
Ils préfèrent se terrer, faire le mort, ce qui est une des trois stratégies primitives de tous les animaux pour faire face au danger (ne plus bouger, fuir ou se battre).
Une partie des habitants des pays civilisés est « accro » à la surconsommation et aux médias de masse. Un style de vie et des comportements qui pour certains ont un usage à la fois de « masque » par rapport à des faits stressants (« Je regarde Netflix plutôt que de regarder des choses qui vont me stresser ») et decompensation (« Je consomme pour éprouver du plaisir », « Je consomme tant que je peux encore le faire », « Je consomme pour oublier »).

Combattre l’éco-anxiété : les thérapies

Une nouvelle spécialisation en psychologie est née de ce besoin : l’écopsychologie. Cette discipline est apparue dans les années 90 en se basant sur le constat que des troubles psychologiques réels peuvent naître de l’angoisse procurée par l’action négative des humains sur la planète. C’est aussi une forme de thérapie par la nature, par le « retour à la terre », par la reconnection avec notre nature animale, avec nos connaissances de la nature par exemple. Mais elle est surtout abordée via l’ouverture d’espaces de parole pour ceux et celles dont l’angoisse est trop forte pour être gérée seul(e).
Comme l’éco-anxiété prend différentes formes (crises d’angoisse, insomnies, dépression clinique ou retrait de la société), sa prise en charge peut et doit être multiple.
L’une des premières choses à faire est de pouvoir en parler. Des groupes « de parole » et d’échanges se sont d’ailleurs créés sur les réseaux sociaux, comme par exemple Transition écologique et éco-anxiété : groupe de soutien. C’est ainsi, d’abord, se rendre compte qu’on n’est ni seul(e), ni stupide. Que notre peur est totalement légitime, peut-être la plus légitime de toutes. De plus, mettre des mots sur ses angoisses et ses chagrins permet de prendre un peu de recul, d’identifier ces malaises qui nous perturbent au quotidien. C’est pourquoi pas trouver une ou des personnes qui peuvent venir en soutien, avec qui on peut s’unir pour, déjà, se réconforter.
C’est accepter des thérapies comportementales et cognitives, peut-être aussi certains anxiolytiques, le temps de reprendre pied. D’intégrer la réalité, qui pour certains signifie avant tout de voir mourir une certaine vision de l’avenir, et même envisager de perdre sa famille, ses amis, ses enfants. Le choc peut être trop dur, et il faut parfois un retrait du travail, ou une cure de repos, pour encaisser la nouvelle.

Combattre l’éco-anxiété : s’informer. Mais pas trop.

Quand on « sort de la matrice », comme le disent certaines personnes en référence aux films Matrix, on n’a qu’une envie : lire tout, sur tout. Passer ses soirées et ces weekends devant des documentaires sur Netflix ou des vidéos sur Youtube. Le risque est non seulement de manquer de sommeil (et donc de basculer naturellement vers la dépression), mais aussi de faire un burn-out, à cause d’une saturation d’information – et de mauvaises nouvelles. Il est donc judicieux de d’abord choisir ses sources. Mais aussi de limiter la quantité de médias qu’on utilise. Ensuite, il est bon de lire les commentaires, de trouver des personnes à qui parler, quand on découvre des chiffres ou des situations. Il faut aussi chercher des solutions à travers tout ce que vous découvrez. Le monde qui arrive aura besoin de personnes qui se connectent (et nous avons pour cela les réseaux) pour trouver ensemble des solutions. A côté de l’information, nous devons mettre en commun nos capacités de raisonnement, faire tourner à fond l’intelligence collective.

Combattre l’éco-anxiété : l’action.

Se battre contre la déchéance de notre planète.
Grâce à tous les réseaux, les groupes qui se forment, les échanges de commentaires sous les articles ou les vidéos, d’autres choisissent plutôt de se retrouver pour réfléchir aux actions à mettre en place. Que ce soit pour freiner la chute, arrêter le massacre, limiter le désastre… ou pour se préparer à des lendemains différents (et difficiles).
L’engagement dans un projet de sauvegarde (des animaux, de la terre, du climat) peut permettre de déjà se mettre en action, de faire quelque chose. Et l’action est le pire ennemi de la dépression. Le fait de soigner la Terre, sa flore et/ou sa faune sert de thérapie. Les personnes qui s’engagent dans des associations, des actions de sauvegarde ou des groupes militants y trouvent bien des avantages. D’abord la sensation de « faire le bien ». De faire, d’agir, et pour quelque chose qui a du sens. C’est du concret, on voit le résultat de nos actions.
Ensuite un moyen de vivre en meilleure santé, quand on choisit d’adopter un mode de vie « plus pur », « plus authentique », plus « proche de la Nature ». Quitter la vie des villes pour la vie des champs, ou adopter un mode de consommation biologique, local et/ou décroissant permettent la définition (ou la redéfinition) d’une certaine identité personnelle. Qu’on trouve clairement dans l’adoption d’un style de vie qui devient presque une religion, en tout cas une philosophie de vie : je suis « écolo », « collapsologue » ou « vegan ». Et je fais partie d’une communauté, d’un groupe qui a les mêmes valeurs, la même vision de la vie et les mêmes combats que moi.
De plus, aider les autres (les animaux, les hommes, ou la planète) est un excellent moyen de se soigner soi-même, notamment en déportant son attention de ses propres soucis, de cette éco-anxiété qui nous dévore, parfois depuis un bon moment. Des craintes qui ne se règlent pas forcément, mais qui font déjà moins mal. Ce qui nous permet d’être plus proactifs(ves). Mais aussi de nous rendre compte qu’il y a de bien pires situations que la nôtre : celle des migrants, celle des habitants de pays dévastés par les pluies ou les sécheresses, ou les animaux en voie d’extinction – par exemple.

Se préparer à la survie, voire à une sur-vie.

Pour d’autres, le chemin du deuil jusqu’à l’acceptation est fait, parfois depuis des années. Certain(e)s disent même qu’entendre la réalité sur l’étendue du désastre en cours et à venir leur a fait du bien. Ces personnes sentaient que quelque chose ne fonctionnait pas, et quand enfin le secret de notre grande famille humaine mondiale s’est levé, elles ont trouvé une nouvelle force, une nouvelle voie.
Elles peuvent alors non seulement parler de ce qu’elles pensent depuis longtemps. Mais être aussi mieux comprises quand elles choisissent de changer de métier, de quitter la ville pour la campagne, de prendre une année sabbatique pour étudier la permaculture, de lire certains livres. Ou de rejoindre des actions, des causes, que ce soit Extinction Rebellion, l’Affaire du Siècle ou le Mouvement Zéro Déchet.
Il y a ceux et celles qui y voient une opportunité de vivre plus en accord avec leurs envies : se rapprocher de la nature, créer de leurs mains de nouveaux outils, des installations de survie et d’autonomie. On voit émerger de nombreux projets de collectivités, comme La Suite du Monde, des communautés autogérées et durables dans le Sud-Ouest.
Dans toute cette mouvance dite « de la Transition » ou du « survivalisme », on observe que la perspective de l’effondrement a été transformée en une forme d’action positive, et même de véritables projets de vie.
Pour certains, les actions sont orientées vers l’apprentissage des techniques de survie « pure », ou de décroissance, de vie simple, proche de la nature. On apprend à chasser, pêcher, trouver de la nourriture en forêt, des plantes médicinales, à couper du bois et faire du feu. On réapprend des savoirs ancestraux perdus. On fait de ses mains, on retrouve un peu la capacité de créer sa propre vie, de contrôler son destin. On met en place un plan d’action, on sauvegarde ce qui compte vraiment, on imprime ses photos de famille, on achète des cartes routières…
Pour d’autres, ce sont la création de communautés, la construction d’une société plus fraternelle, qui sublime leurs angoisses en la création commune de nouvelles règles, de nouveaux habitats, de nouveaux modes de vie.
D’autres enfin réfléchissent à toutes les alternatives énergétiques possibles, en version sobre, locale et low tech. Certains affirment même que la perspective de l’effondrement de la société thermo-industrielle, et leur éco-anxiété, leur a donné des ailes. Qu’ils trouvent un nouveau sens à leur vie, qu’ils (elles) peuvent enfin trouver leur place. Qu’ils ont le sentiment que la nature, que la vie est en train de reprendre ses droits, qu’il y a comme « une justice, un retour des choses à leur équilibre d’origine ». Que leur envie de quitter la Rat Race est totalement justifiée par ce qui va arriver.

Combattre l’éco-anxiété : profiter du temps présent (Carpe Diem !)

Et oui, l’être humain a beaucoup plus de mal à perdre ce qu’il a déjà que ce qu’il n’a pas. Demandez à un non-fumeur si la cigarette lui manque, puis demandez à un ex-fumeur. Le ressenti est bien différent ! Il existe d’ailleurs une expérience en psychologie qui montre clairement qu’on a bien plus de mal à perdre un billet de vingt dollars que de ne pas le gagner. Nous aurons bien plus de difficultés à « perdre » notre confort moderne que les habitants des pays pauvres qui vivent « sans » (écrans plats, Internet, voitures, machines à laver, supermarchés… la liste est longue) depuis toujours.
Sans compter ceux et celles qui ont déjà tout perdu, et qui sont sur les routes…
Raison de plus, alors, de profiter de ce que l’on possède aujourd’hui : les dentistes qui ne font pas mal, les avions low cost, ou les jeux vidéos. Demain, tout cela aura sans doute / certainement disparu. C’est profiter de la nature et de sa beauté : Une étude publiée par l’université britannique d’Essex, intitulée « Ecothérapie, l’agenda vert pour la santé mentale », souligne qu’une simple promenade dans la nature améliore l’humeur et la confiance en soi des personnes dépressives.Pour trente minutes de promenade dans la campagne ou dans un centre commercial, 70 % des vrais promeneurs se sont sentis mieux, contre seulement 45 % des amateurs du shopping.
C’est pratiquer des exercices de gratitude quotidiens qui pourront nous permettre de laisser moins de place à l’éco-anxiété. Tous les jours, je pratique ce type d’exercice, dès mon réveil. J’ai deux bras, deux jambes, je suis en bonne santé, j’ai de la nourriture et un réfrigérateur pour la mettre dedans, je suis très, très privilégiée. Sachant ce que d’autres vivent sur cette Terre en ce moment même, et sachant ce que va être le futur, il faut encore plus profiter du présent.

Combattre l’éco-anxiété : se regrouper

D’un côté, nous sommes devenu(e)s de plus en plus intelligents, en plus d’être éduqués et connectés. De l’autre, nous avons développé une grande méfiance vis-à-vis des autres, de la société, du politique et de l’étranger. Nous avons une conscience de plus en plus alimentée par les informations et les données scientifiques, de l’autre nous ne vivons plus dans un esprit de communauté et de groupe. Il faut dire qu’on a tant prôné la réussite personnelle et l’indépendance, qu’elle soit financière, familiale, sociale et psychologique depuis des décennies, qu’on a développé une allergie au groupe. S’attacher à l’autre signifie presque être dépendant affectif, donc être faible dans un monde où l’on se doit d’être fort !… C’est ce qu’on croit.
On manque, pour se sentir plus en sécurité, d’un sentiment d’appartenance à un groupe qui soit soutenu par l’épreuve de la réalité. Le sentiment, la sensation aussi d’avoir un cap, et une vision collective de ce que l’on veut vivre, de ce que l’on veut construire. On peut rejoindre des communautés qui réfléchissent aux manières et moyens matériels et psychologiques de se préparer à la « transition » ou à « l’effondrement » selon sa manière de voir les choses, comme celui de la Collapsologie Heureuse sur Facebook.

Combattre l’éco-anxiété : informer et éduquer

Quand à ceux et celles qui veulent éduquer, ils/elles se heurtent à la difficulté de trouver le juste milieu entre le catastrophisme et une vision d’un avenir rose bisounours. Un optimisme aveugle qui proviendrait de la croyance en la toute-puissance de la nature à se rétablir, et de l’humain à trouver des solutions, notamment grâce à la science. Nicolas Hulot en parle bien dans une interview donnée à Radio Canada en janvier.
Il faut aussi se nourrir de ce qui fonctionne, pour prendre exemple, trouver des sources de motivation et de changement. Il faut se nourrir de ce qui est beau, de ce qui nous émeut, de notre amour des dauphins ou des mantes orchidées, des roses ou du jasmin, des forêts en automne, des cerfs qui brament au petit matin. C’est le coeur qui donne la force de se lever et d’avancer, déterminé(e), sur son propre chemin, quoi que les autres disent, quoi que le monde fasse. Pour se battre contre le sentiment de perte et la peur de la fin du monde, il est recommandé de devenir proactif, de se renseigner et de s’imaginer dans un monde qui aura changé. Ne pas être dans le déni, mais plutôt dans le réalisme, et choisir l’optimisme, travailler à voir le bon côté de la situation. Qu’elle soit subie ou choisie, la décroissance n’aura pas le même goût.

Pour échapper à la « dépression verte », il faut notamment comprendre que l’humain est la cause, mais aussi la solution. Et que nous sommes capables du pire, mais aussi du meilleur. Il faut croire en son pouvoir d’action, et prendre conscience qu’en faisant le bien, on va aussi donner l’exemple. Et qu’en étant heureux(se), on fera des jaloux(ses) qui n’auront qu’une envie : copier notre style de vie !

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